Relire d’une traite l’intégralité de notre correspondance, c’est comme grimper l’Everest sans oxygène ni sherpa. Ca fait bien douze ans qu’on est amis. Pour savoir a quelle heure je m’étais couché la veille, il m’a souvent suffi de relire l’heure du dernier message envoyé à Flore. C’est vrai que ce projet est sensé présenter des rencontres spontanées et éphémères, mais ça me semblait évident depuis longtemps qu’on devait faire une vidéo ensemble.
Alors oui, d’aucuns diront qu’on a l’air coincés, d’autres que la musique n’est pas parfaite, d’autres encore parleront d’image et de présence publique, et mille autres raisons de douter de la pertinence de la vidéo. Mais j’ai envie de vous faire partager l’essence de ma pratique artistique : la rencontre musicale, la complicité, la compréhension d’humain à humain, bien plus profonde que celle pleine de malentendus, qu’on obtient avec des mots. Flore et moi, on a mis plus de dix ans a construire une complicité avec des messages sur télephones, mais on s’est naturellement compris en deux phrases musicales.